(PHOTOS) Les architectes de la « nouvelle » Maison Lapointe

« Quand j’ai vendu mon ancienne maison, c’était un projet familial de déménager en région. Ma fille, elle aimait beaucoup Charlevoix. J’ai décidé de suivre », nous dit Jocelyne Brais, celle qui s’est lancé ce défi fou de restaurer la Maison Lapointe.

Lorsqu’on la questionne sur l’histoire de sa propriété, Jocelyne Brais est en mesure d’en fournir les moindres détails. C’est toutefois en raison de son beau-fils, Nicolas Joly, propriétaire de l’entreprise Construction C-Joly, qu’elle en est devenue propriétaire.

Amateur de maison patrimoniale et « bricoleur » professionnel, Nicolas Joly aura convaincu Mme Brais d’en faire l’acquisition, malgré qu’elle a été déclarée perte totale à la suite d’un incendie en mars 2020. « Personne n’en voulait. Si ce n’était pas de Nicolas, elle ne serait plus ici », avoue Jocelyne Brais.

C’est finalement l’acharnement et la passion de Nicolas Joly qui aura fait toute la différence. « Il est monté tout seul visiter la maison, je ne voulais même pas y aller. Il est revenu et il a dit qu’on devait l’acheter », résume-t-elle :

Si la Maison Lapointe connaît aujourd’hui un dénouement positif, les deux dernières années n’auront été rien de moins qu’un chemin de croix pour Jocelyne Brais.

Dans un premier temps, le coût pour procéder à sa restauration a quasiment doublé, passant d’un budget anticipé de 250 000 $ à près de 400 000 $, et ce sans aucune aide financière. Le coût plus élevé de la main-d’œuvre dans Charlevoix et les nombreuses normes patrimoniales expliquent notamment l’explosion de la facture.

Cela n’aura toutefois pas empêché des organismes en défense du patrimoine de critiquer le projet de Mme Brais. Le Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM), un organisme sans but lucratif de Lévis, ainsi que la Fédération Histoire Québec avait déploré la « défiguration » de la maison, notamment par les rénovations effectuées aux lucarnes, au journaliste Félix Lajoie du Soleil.

Bien qu’ils entendent les critiques, Nicolas et Jocelyne les trouvent excessivement injustes dans les circonstances. « Si ce n’était pas de Nicolas et de son expertise, jamais je ne l’aurais acheté. Si je ne l’achetais pas, un mois plus tard elle était démolie et on la remplaçait par une plaque commémorative sur le terrain », rappelle-t-elle :

Jocelyne Brais et Nicolas Joly ajoutent qu’au long du processus, ils n’auront pris aucune décision sans l’autorisation de la Ville de Clermont, dont l’aide a été grandement appréciée. « Avec l’expertise de Nicolas, je ne suis pas inquiète qu’elle puisse vivre un autre 200 ans », ajoute Jocelyne Brais en riant.

Il faut dire que les deux nouveaux arrivants n’ont pris aucune pause depuis deux ans. Outre quelques journées de congé ici et là, ils se sont complètement dédiés à la sauvegarde de la Maison Lapointe, en plus de maintenir un emploi à temps plein.

« La seule chose qui était un peu décevante, c’est de voir les gens [de l’extérieur] qui commentaient. Je ne suis pas sûr qu’ils auraient mis l’effort pour la garder. Tu oublies tes week-ends, tu oublies ta vie », conclut-elle. Les architectes de cette « nouvelle » Maison Lapointe maintiennent que malgré tout, la communauté accueille avec enthousiasme. « Les gens sont contents, beaucoup sont venus nous le dire et ça, c’est la plus belle paie ».