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Des Neiges – Secteur Charlevoix : les appels à un BAPE générique sur la filière éolienne persistent

Écrit par Louis-André Jalbert Date : 20 fév. (5H00)
À la une Baie-Saint-Paul
La deuxième partie de l’audience publique du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) entourant le projet éolien Des Neiges – Secteur Charlevoix s’est complétée, mercredi, à Baie-Saint-Paul.

Neuf intervenants ont pris parole pour tenter de diriger les décideurs dans leur réflexion, dont des intervenants du domaine économique et de l’énergie.

Mathieu Lavigne, directeur affaires publiques à la fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), et Jean Habel, directeur Québec – Canada atlantique de l’Association canadienne de l’énergie renouvelable (CanREA), ont plaidé en faveur du volet charlevoisien du parc éolien Des Neiges. La décarbonation et la transition énergétique du Québec, les retombées économiques attendues et l’emplacement sélectionné ont été soulevés parmi les arguments favorables de ces derniers. « Ces besoins sont très réels et dès aujourd’hui », a notamment fait valoir M. Lavigne. Ce dernier estime aussi que la présence d’éoliennes dans le secteur montagneux n’aura pas d’impact négatif sur l’industrie touristique. « C’est prendre pour acquis que les gens sont rebutés par les parcs éoliens. […] Je doute que les gens de Charlevoix regardent probablement plus le fleuve que la présence de tours éoliennes dans la Côte-de-Beaupré », a-t-il commenté.

Les discours plus optimistes font toutefois contrastes aux intervenants du domaine municipal et communautaire. Rachel Fahlman, conseillère municipale de Saint-Zéphirin-de-Courval en Mauricie et présidente de l’organisme Vent d’élus, comptant une quarantaine d’élus et d’ex-élus regroupés dans 16 MRC, a fait part des « nombreuses préoccupations » de ses membres devant la construction « antidémocratique, précipitée et sans vision d’ensemble » de parcs éoliens au Québec. « On n’est pas contre, mais on pense qu’il y a des endroits plus appropriés », a-t-elle toutefois précisé, ajoutant que le projet à l’étude présentait « plusieurs lacunes et incohérences ».

Parmi celles-ci, elle fait entre autres référence au schéma d’aménagement de la MRC de Charlevoix qui indique « qu’il demeure essentiel que les organismes responsables de la planification de l’aménagement du territoire et du développement local définissent un cadre de protection minimal pour assurer la pérennité de ses écosystèmes. »

« La MRC indique clairement qu’elle détient le pouvoir et le devoir d’agir afin d’encadrer le développement de son territoire », interprète l’élue. « Pourquoi la MRC permettrait la construction des éoliennes dans l’habitat du caribou ou même l’habitat de la grive de Bicknell ? », questionne-t-elle.

Tout comme Rachel Fahlman, Janie Vachon-Robillard, du collectif Pour un choix éclairé dans Nicolet-Yamaska, a aussi réclamé un BAPE générique sur la filière éolienne, en plus de réclamer un moratoire tant qu’aucun débat n’aura été effectué à travers la province. Elle critique que le projet éolien Des Neiges, qui à terme deviendra le 2e plus grand parc éolien au monde, ait été scindé en trois parties distinctes, forçant par le même principe la tenue de trois audiences du BAPE. « [Les citoyens] ont l’impression que ça ne change rien au bout de la ligne, que les intérêts économiques sont plus puissants que les intérêts citoyens », a lancé Mme Vachon-Robillard.

Le citoyen Alexandre Richard abonde dans le même sens. « On ne peut pas évaluer un projet à la pièce. On se répète tout le temps. Il faut voir dans la globalité et sur le long terme. La zone d’études, au minimum, c’est le Québec au complet ». Cynthia Jobin a également offert un témoignage émotif, demandant au BAPE d’agir. « Vous ne serez pas là pour vivre les conséquences de vos choix, mais nous oui, et nos enfants aussi. Prenez-en soin et faites bien les choses. C’est tout ce qu’on vous demande », a dit la résidente de Baie-Saint-Paul, les larmes aux yeux.

À la suite de cette deuxième partie de l’audience, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement se penchera sur l’élaboration de son rapport au cours des prochaines semaines, à la lumière des informations et témoignages fournis. La présidente Marie-Ève Fortin a souligné que ce rapport sera déposé au ministère de l’Environnement, des Changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) au plus tard le 4 juin prochain.

Soulignons qu’en parallèle, le ministère procède à sa propre analyse du BAPE du projet éolien dans Charlevoix. C’est à la lumière de ces deux rapports que le conseil des ministres prendra la décision sur son avenir.