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Immunisation ou relocalisation ? : un hydrogéomorphologue se prononce

Écrit par Kevin Vallée Date : 25 mars. (5H21)
À la une Baie-Saint-Paul
Plusieurs sinistrés de Baie-Saint-Paul font face à des questionnements très importants, près d’un an après les inondations du 1er mai dernier. L’enjeu principal entoure l’immunisation des propriétés et du secteur, tout en considérant la relocalisation. Dans un contexte de changements climatiques difficiles à évaluer, le FM Charlevoix s’est entretenu avec l’hydrogéomorphologue Maxime Boivin afin d’être éclairé sur le débat.

Bien que les événements de mai dernier à Baie-Saint-Paul soient considérés comme historiques, donc inhabituels, par l’hydrogéomorphologue Pascale Biron, dans un article de La Presse, Maxime Boivin précise que le régime hydrologique changera au cours des prochaines décennies et que « c’est certain que d’autres inondations pourraient survenir » à long terme.

L’hydrogéomorphologue croit qu’il est généralement important de ne pas tenter de contrôler un cours d’eau, qui aura toujours le dessus sur des installations humaines.

En effet, le choix « le plus sécuritaire au monde » serait de relocaliser les personnes se retrouvant en zone inondable, selon Maxime Boivin. Le coût social est toutefois de taille, et la décision serait plutôt politique.

Quant à la mise à jour de la carte des zones inondables du Québec attendue à l’automne 2024, qui laissera tomber les zones 0-20 ans et 0-100 ans pour faire place à des zones à risque faible, modéré et élevé, M. Boivin croit que « ce sera un choc pour la population ». Sans avoir vu les chiffres, le géographe s’attend à une hausse du nombre de propriétés en zones inondables.

Ce sera alors au gouvernement de bien informer et sensibiliser la population quant aux risques concrets auxquels ils feront face.

Selon lui, plusieurs propriétaires québécois décideront par eux-mêmes de quitter ces zones, comme ç’a été le cas à Gatineau, suite aux offres d’indemnisation du gouvernement pour la relocalisation. En 2022, Québec avait annoncé une enveloppe de 75 millions de dollars pour des projets de déménagement de bâtiments situés en zone à risque élevé.

Considérant que Desjardins n’offre plus de prêt hypothécaire en zone inondable, Maxim Boivin craint également une crise économique, si la situation n’est pas adressée comme il se doit.

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Maxime Boivin est professeur en géographie physique et des systèmes d’informations géographiques (SIG) au département des sciences humaines et sociales de l’UQAC. Il est géographe et géomorphologue, spécialisé sur les interactions bio-géomorphologiques en rivière et en lac. Depuis 2009, il a développé des projets de recherche reconnus au niveau national et international, notamment sur la dynamique du bois en rivière et sur les interactions entre les bandes riveraines et la dynamique fluviale.